Paradoxes du vrac

100 kg de plastique équivalent à 50 000 sachets plastiques, zéro déchet ou zéro cohérence?

Les paradoxes du vrac: plastique et mondialisation

Vrac, un nouveau marché pour les industriels du plastique

La grande force du marketing est de détourner les aspirations profondes des consommateurs au profit des commerçants, par exemple en nous faisant croire que notre voiture fait du bien à la planète alors que la planète se passerai très bien de nos engins polluants. Et la mode du vrac n'échappe pas à cette règle : il faut être aveuglé par la douce musique du zéro déchet pour ne pas voir les dizaines de silos et de boites entièrement faits de plastique qui envahissent les étagères des rayons de vrac de la grande distribution et des magasins Bio ou de ces nouvelles épiceries dédiées au vrac qui fleurissent un peu partout. Et c'est là que le paradoxe est criant : des kilos de PET censés éviter l'utilisation de sachets plastiques vont finalement être la source d'une nouvelle pollution plastique. Ces boites feront leur temps et deviendront à leur tour des déchets ayant peu de chance de passer par la case recyclage. Et ce ne sont pas quelques déchets insignifiants, un rayon de vrac peut vite comporter une centaine de silos et boites, ce qui peut représenter 100 à 200 kilos de plastique. Cela équivaut en poids à entre 50 000 et 100 000 sachets plastiques. Tous ces produits auraient très bien pu être emballés de papier et être disposés sur des étagères de bois. Alors qui trouve son intérêt dans ce nouveau mode de consommation qui nous est proposé? encore une fois surement pas la planète !

Le self-vrac, une invention de la grande distribution

Le vrac c'est de l'histoire ancienne et même de la préhistoire car depuis les prémices du commerce les produits ont été présentés aux acheteurs de cette façon, sur les étals des marchés ou sur les étagères des magasins. Alors qu'est ce qui est nouveau dans ce retour au vrac? et bien c'est ce qu'a inventé la grande distribution pour améliorer ses rendements: le self-service. Ces distributeurs de graines et ces boites en plastique permettent au client, tout comme le pinson dans sa cage, de se servir seul : c'est le self-vrac. Un concept extrêmement profitable! pour s'en convaincre il suffit de lire les arguments de vente des vendeurs de silos à vrac :
- "Le vrac stimule les ventes, offre de meilleures marges et augmente la satisfaction des clients."
- "Le vrac permet d’optimiser la surface de vente et crée de la différenciation en magasin."
- "Les aliments en vrac offrent de meilleures marges que leurs équivalents préemballés."
- "La visibilité du produit stimule les achats d’impulsion."
- "Un réservoir en trompe-l’œil à l’avant fait que les distributeurs semblent toujours remplis. "

Le self-vrac augmente la consommation d'emballages

En permettant au client de se servir de petites quantités, le vrac en self-service a pour conséquence une consommation accrue d'emballages par rapport aux formats classiques (500gr, 1 Kg...). Même si les sacs mis à disposition sont en papier, cette augmentation aura toujours un impact sur la ressource.
A moins que le client vienne systématiquement avec ses contenants, c'est encore un paradoxe du vrac.

Bocal...  mais pas vraiment local !

Le dernier paradoxe est que ce mode de consommation est un reflet de la mondialisation qui nous fait consommer des produits ayant voyagé depuis les antipodes, on est loin du souci écologique prônant la production locale. Il suffit de lire sur les étiquettes la provenance des produits en vrac pour se rendre compte que la majeure partie de nos graines favorites ont fait beaucoup de chemin avant de de terminer dans nos assiettes: riz d’Italie, lentilles corail de Turquie, quinoa de Bolivie, graines de sésame d’Inde, graines de courge d’Autriche, figues, noisettes, abricots secs de Turquie, noix coco et de cajou du Vietnam, noix de Moldavie, amandes du Portugal, noix d'Amazonie du Brésil, canneberges du Canada, arachides d’Égypte, mangue séchée du Cameroun, goji de Chine, pignons de pin de Russie, sucre de canne de  Thaïlande...la liste est longue. Inutile de faire le tour du Monde, vos graines l'ont fait pour vous !
Silos et boites à vrac en plastique pourraient très bien eux aussi avoir fait beaucoup de kilomètres depuis la Chine d'où ils semblent provenir, produits en grande quantité pour satisfaire à cette nouvelle mode internationale.


Des boites et silos de plastique fabriqués en Chine